UN CONSTAT semble aujourd’hui s’imposer au plus grand nombre : les salaires et les carrières des agentes et des agents des trois versants de la Fonction publique sont dans un état lamentable et préoccupant. Comment nier une telle évidence quand, pour s’en tenir à quelques illustrations, le salaire minimum court après le SMIC, de nombreux passages d’échelons ne conduisent à aucun gain au bas de la feuille de paie, les qualifications sont si mal reconnues que certains concours n’ont pas de candidat·es en nombre suffisant et que les amplitudes de carrière sont souvent réduites à la portion congrue? Mais, partager cette évidence factuelle n’est en rien synonyme d’accord sur les causes qui ont provoqué cette détérioration.
À cet égard, reprenant la ritournelle gouvernementale lancée depuis déjà pas mal de temps, les déclarations mettant en avant l’idée d’un « système de rémunération à bout de souffle » se multiplient ces derniers temps.
Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner qu’il y a là une campagne orchestrée par les libéraux pour, dans un premier temps, minimiser les augmentations générales de traitement et, dans un second, remettre en cause purement et simplement les fondations actuelles. C’est d’ailleurs, peu ou prou, la direction empruntée par les propositions du rapport « PENY-SIMONPOLI » de mars dernier.
Affirmons-le sans ambiguïté : il est difficile de trouver présentation plus tendancieuse et, pour tout dire, malhonnête.
En effet, les tenants de cette ligne omettent de prendre en considération l’élément central que constitue le décrochage de la valeur du point par rapport à l’inflation, notamment dans la décennie 2000, puis son gel quasi complet à partir de 2010.
Parler des salaires des personnels de la Fonction publique en faisant silence sur ce paramètre majeur disqualifie tous ces discours fallacieux et leurs conclusions péremptoires.
Si la valeur du point avait suivi le cours de l’inflation ces 20 dernières années, la situation ne serait certes pas parfaite, mais elle serait très éloignée du délitement d’aujourd’hui.
D’ailleurs, cette indexation a existé de la fin des années 1960 à 1984. Encore une fois, tout n’était pas réglé par ce dispositif. Cependant, les pertes éventuelles du pouvoir d’achat n’avaient rien à voir avec celles d’aujourd’hui, l’essentiel des déroulements de carrière était préservé et les qualifications bien mieux reconnues qu’à présent. Et, quelles que soient les appréciations portées à l’époque, de nombreux accords majoritaires sur les salaires ont été signés de 1969 à 1998.
Bref, même avec des défauts et insuffisances, les principes du système valeur du point – grille indiciaire – corps, grade et déroulement de carrière fonctionnaient de
manière satisfaisante. Ce sont donc bien les faibles revalorisations et le gel du point d’indice, les confusions entre salaire et carrière et, plus globalement, les politiques d’austérité qui sont responsables de l’effondrement actuel.
Parce qu’il s’agit du système le plus juste et le plus efficace, la CGT demeure attachée à une Fonction publique de carrière, adossée au Statut général et à la grille indiciaire unique. C’est dans ce cadre que se situent les revendications qui suivent, centrées sur le pouvoir d’achat et les carrières.